1) Répondre à ses obligations employeur
Une obligation générale de prévention
La première raison d’investir dans la prévention est l’obligation légale pour chaque employeur d’assurer la sécurité des salariés, et de veiller à la préservation de leur santé physique et mentale au sein de l’entreprise.
Cette obligation de moyens et de sécurité de résultat implique notamment :
- L’évaluation des risques professionnels physiques et psychosociaux auxquels sont exposés les salariés sur leur poste de travail ;
- La mise en place d’actions de prévention pour supprimer les risques qui peuvent l’être ou les réduire le cas échéant ;
- L’organisation d’actions d’information et de formation des salariés sur les risques auxquels ils sont exposés ;
- La mise en place d’une organisation du travail et de moyens adaptés pour permettre aux salariés d’exercer leur activité en sécurité ;
- La consignation de ces éléments dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP).
À savoir qu’en cas de non-respect de cette obligation générale de sécurité, entraînant un accident du travail grave ou une maladie professionnelle, la responsabilité civile et/ou pénale de l’employeur peut être engagée. La reconnaissance de la faute inexcusable de l’employeur est en effet passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 225 000 euros pour l’entreprise et 45 000 euros pour l’employeur, ainsi que d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu'à 3 ans.
Rôle du Service de Prévention et de Santé au Travail Interentreprise
- La mise en place d’actions de prévention et de santé au travail en entreprise ;
- Le conseil sur les dispositions et mesures nécessaires visant à éviter ou réduire les risques professionnels, et à améliorer les conditions de travail ;
- La surveillance de l'état de santé des salariés en lien avec les risques identifiés ;
- Le suivi et la traçabilité des expositions professionnelles.
2) Affirmer sa responsabilité sociétale
La seconde raison d’investir dans la prévention est liée à la notion de responsabilité sociétale (RSE), qui correspond à « l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes » (définition de la Commission européenne).
La RSE comporte un volet social se traduisant par des objectifs en matière de conditions de travail, de bien-être et de motivation des salariés. Les actions mises en place doivent avoir pour but de favoriser la qualité de vie au travail et d’encourager le dialogue au sein de l’entreprise. Cela implique également un engagement de l’entreprise sur les questions d’égalité professionnelle, de non-discrimination et de juste rémunération.
En s’engageant sur ces sujets, l’entreprise affirme sa responsabilité sociale vis-à-vis des salariés, et s’inscrit dans une démarche de développement durable.
Selon le baromètre 2021 de la plateforme RSE Vendredi, 80 % des grandes entreprises, 64 % des entreprises de taille intermédiaire, 38 % des petites et moyennes entreprises et 34 % des TPE se déclarent aujourd’hui actives sur les sujets RSE. Sur l’ensemble de ces entreprises, 78 % intègrent la prévention des risques psychosociaux dans leur démarche.
3) Développer son image de marque en interne et en externe
La troisième raison d’investir dans la prévention, et qui découle en partie du point précédent, concerne l’image de marque de l’entreprise. En s’engageant dans une démarche de responsabilité sociétale, se traduisant par des actions concrètes en matière de prévention et de qualité de vie au travail, l’entreprise contribue à améliorer son image de marque en interne, mais également en externe.
En interne, cet engagement contribue à fédérer et fidéliser les salariés, réduisant le turn-over et les fuites de talents. Selon une étude réalisée par Cone Communication en 2016, 70% des salariés affirment qu’ils seraient plus « fidèles » et « loyaux » envers leur entreprise si celle-ci était engagée dans une démarche RSE.
À l’externe, l’attention portée aux conditions de travail constitue également un argument différenciant important pour attirer de nouveaux talents, clients et partenaires, et se différencier de la concurrence. Toujours selon l’étude de Cone Communication, 51% des salariés refuseraient de travailler dans une entreprise sans réel engagement RSE.
4) Diminuer le coût des absences, accidents et maladies professionnels
La quatrième raison d’investir dans la prévention concerne la réduction des coûts économiques de l’absentéisme, des accidents du travail et des maladies professionnelles (ATMP). En cas d’absence, d’accident du travail ou de maladie professionnelle déclarée, l’employeur doit en effet assumer deux types de coûts :
- Les coûts directs, liés notamment à la cotisation ATMP annuelle versée pour les sinistres reconnus (cf. données ci-après), au maintien de salaire, à la prise en charge des frais médicaux ou encore à l’adaptation du poste de travail.
- Les coûts indirects, tels que les coûts de gestion de l’absence, les coûts de remplacement, les coûts de perte de productivité, ainsi que les coûts sociaux et les coûts d’image. À noter que les coûts indirects sont généralement beaucoup plus élevés que les coûts directs.
Combinés, ces différents coûts peuvent peser lourdement sur les charges des entreprises, et justifient d’autant plus de mettre en place une démarche d’évaluation et de prévention des risques professionnels.
Quelques données et chiffres clés sur les coûts de l’absentéisme et des ATMP :
- Le coût moyen annuel de l’absentéisme est estimé à 25 milliards d’euros, soit l’équivalent de 3 500 euros annuels par salarié ou environ 7% de la masse salariale (source Prévia) ;
- 70 millions de journées non travaillées en 2021 étaient liées à des AT/MP, soit l’équivalent de plus de 300 000 emplois à temps plein (source Assurance Maladie) ;
- Le coût moyen direct d’un accident de travail reconnu était de 8 918,57 € en 2022 (source CARSAT).
Coût moyen direct d’un accident de travail reconnu selon la durée d’arrêt, tous secteurs confondus (source CARSAT 2022)
5) Générer un gain de performance économique
Une dernière raison, et non des moindres, d’investir dans la prévention est que celle-ci peut générer en retour un bénéfice important pour l’entreprise. Lorsqu’on s’intéresse à l’aspect économique de la prévention, on se limite généralement à éviter un coût potentiel ou à réduire les coûts réels des ATMP. Or la prévention a également des effets positifs directs sur la productivité et la qualité des produits et services de l’entreprise, et donc sur ses performances économiques.
Selon une étude menée par l’Association Internationale de la Sécurité Sociale (AISS) en 2011, portant sur 300 entreprises dans 15 pays, il ressort qu’un investissement d’un 1 € en prévention des risques professionnels permet en moyenne un retour de 2,20 € par année et par salarié. Le tableau ci-dessous détaille le calcul coût/bénéfices de différentes actions de prévention menées au sein des entreprises interrogées.
Une autre étude réalisée par l’OPPBTP en 2013 portant sur 27 entreprises et 100 études de cas a montré des résultats similaires. Le retour sur investissement moyen estimé est de 2,19 € par euro investi, par année et par salarié, et va jusqu’à 3,11 € pour les très petites entreprises. L’étude montre par ailleurs que la durée d’amortissement est en moyenne de 1,5 an, et peut être réduite à 1,2 an pour les très petites entreprises. Les investissements en prévention permettent donc bien de générer des gains nets de performance.
Qu’il s’agisse de vous mettre en conformité, de développer votre responsabilité sociale et votre image de marque, de diminuer vos coûts ATMP ou encore de réaliser un retour sur investissement, vous connaissez à présent cinq bonnes raisons d’investir dans la prévention pour votre entreprise.
Il est temps maintenant de passer à l’action !