Projet STARS
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STARS, un projet dédié à la santé des artistes du spectacle vivant

Le projet de recherche STARS, auquel contribue Thalie Santé, s'intéresse à la prévention des risques dans le spectacle vivant. Rencontre avec Elsa Laneyrie, Responsable scientifique du projet, qui nous présente ses objectifs et l'équipe qui travaille sur cette problématique de santé.

Elsa Laneyrie
Elsa Laneyrie

Elsa, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis maîtresse de conférences en psychologie du travail et en ergonomie au sein de l’université Lyon 2. Mon laboratoire de recherche est le Greps. Il y a plusieurs années, je me suis spécialisée dans des métiers dits « passion » : le spectacle vivant, la restauration et la petite enfance. J’étudie les impacts des changements organisationnels, économiques, sociologiques et technologiques sur les individus, les collectifs et les organisations. Mon objectif est d’identifier les leviers pour rendre les professionnels de ces secteurs acteurs de leur propre prévention santé.

 

Vous êtes responsable scientifique du projet STARS. En quoi consiste-t-il ?

STARS signifie SanTé des ARtistes du Spectacle vivant. Il vise à identifier les facteurs spécifiques, individuels et collectifs, de la construction de la santé des artistes du spectacle vivant, pour contribuer à l’amélioration des démarches de prévention dans ce milieu. Aujourd’hui, les acteurs institutionnels, les artistes ou les responsables de compagnies se trouvent démunis car il existe un vrai problème en matière de santé, mais ils n’ont pas forcément d’outils, de temps ni de ressources pour mettre en place des démarches de prévention.

L’idée de nos recherches est de recenser ce qui existe au niveau institutionnel, ce qui a été mis en place concrètement, puis de s’intéresser aux représentations qu’ont les artistes de la santé et du fait de travailler en santé.

Nous irons ensuite dans les collectifs, directement dans les compagnies, voir ce qui est fait en termes de santé, ou tout simplement si cette question est discutée. Nous mettrons en place des expérimentations, au cas par cas, auprès d’une dizaine de compagnies de théâtre, de musique et de danse. La spécificité est qu’il doit y avoir moins de 15 salariés dans la compagnie.

Notre projet est financé par l’Agence Nationale de la Recherche, l’ANR, sur une durée de 42 mois.

La cible de ces travaux est le milieu du spectacle vivant dans sa globalité, des syndicats au patronat, en passant par les artistes eux-mêmes et les préventeurs.

Nous souhaitons communiquer à la fois d’un point de vue scientifique sur le projet, car il existe peu de choses actuellement, notamment en psychologie et en ergonomie, mais aussi sensibiliser les acteurs. Ce travail de vulgarisation passera en particulier par la réalisation d’un documentaire et des rencontres lors de festivals, de congrès...

 

Quelles retombées espérez-vous obtenir dans le domaine du spectacle vivant ?

Il y a plusieurs choses, la première étant une prise de conscience collective autour des problématiques de santé dans ce domaine. Ça serait déjà beaucoup !
Sur le long terme, l’idée serait d’arriver à diminuer les risques professionnels, c’est-à-dire les troubles musculo-squelettiques et les risques psycho-sociaux, en parvenant à identifier quelles sont les conditions de travail favorables à la santé.

Il s’agit donc d’outiller les compagnies, mais aussi les services de prévention et de santé au travail en termes d’accompagnements des artistes et des compagnies dans un temps très restreint.

Montrer que le secteur se mobilise sur des questions de santé pourrait peut-être également relancer l’attractivité du spectacle vivant, qui connaît un déclin en ce moment.

Notre travail permettra aussi je l’espère de mettre en valeur des collectifs non reconnus, comme le collectif Matermittentes qui regroupe des femmes mobilisées pour faire reconnaître leurs droits en lien avec la maternité.

Enfin, dans l’idéal, nous aimerions pouvoir améliorer le dialogue social, ainsi que développer un réseau national et international pluridisciplinaire sur la santé dans le spectacle vivant. A la façon d’un observatoire, toutes les recherches menées dans le secteur pourraient y être recensées et des journées d’étude pourraient être organisées.

 

Comment le projet STARS a-t-il été construit ?

Trois études seront lancées au cours de ces 42 mois et vont venir s’imbriquer les unes dans les autres. L’étude 1 concerne les dispositifs préventifs mis en œuvre au niveau national ; l’étude 2 s’intéresse aux stratégies individuelles et collectives mises en œuvre par les artistes pour se maintenir en santé ; et l’étude 3 porte sur l’organisation du travail dans les compagnies, de la présentation d’un spectacle à sa diffusion. La partie vulgarisation, qui va nous prendre beaucoup de temps, sera menée tout au long du projet.

Nous avons commencé par le côté institutionnel et l’étude des représentations des artistes : les questions à poser ont été définies et des étudiants sont déjà partis faire des observations dans des compagnies et structures d’accueil. Nous devons désormais recruter un post-doctorant et un thésard pour nous accompagner, et trouver les compagnies que nous allons suivre.

Lorsque nous aurons des données « terrain » pour alimenter les réflexions, nous pourrons engager l’étude 3 avec les expérimentations dans les compagnies. Mais rien ne nous empêche non plus de suivre une compagnie qui serait partante dès maintenant !

 

Thalie Santé fait partie des acteurs impliqués dans cette étude. Qui sont les autres membres de l’équipe projet ?

Le projet est porté par plusieurs chercheurs avec la même volonté de constituer une équipe pluridisciplinaire qui convoque la psychologie, l’ergonomie et la sociologie. Dans ce cadre-là, je porte la casquette de psychologue du travail. L’équipe est composée de Bruno Cuvillier, HDR en psychologie du travail ;  Aurélie Landry, Maître de conférences en ergonomie et pilote de l’étude 2 ; Sandrine Caroly, Professeur des universités en ergonomie ; Véronique Reynier, Maître de conférences en STAPS ; Christelle Casse, Maître de conférences en ergonomie ; Mathieu Grégoire, Maître de conférences en sociologie et pilote de l’étude 1 ; et de Yann Hilaire, Ergonome et Responsable des projets chez Thalie Santé, qui fait office d’acteur institutionnel dans notre consortium.

D’autres institutionnels, que nous allons identifier seront conviés à nos comités de pilotage au fur et à mesure du projet. L’objectif est de mettre en place des démarches participatives.

 

Avez-vous besoin de contacts pour cette étude ? Comment les différents acteurs du secteur peuvent-ils vous joindre ?

Les prochaines étapes du projet vont consister à établir les partenariats avec les compagnies et à recruter deux personnes dans le cadre d’une thèse* et d’un post-doctorat qui commenceront au mois de septembre 2023. Les candidatures sont donc les bienvenues ! Les personnes et compagnies intéressées peuvent m’envoyer un mail à elsa.Laneyrie@univ-lyon2.fr

Nous sommes également preneurs de travaux qui auraient déjà été réalisés dans ce domaine, par exemple par des acteurs institutionnels. Ça nous aiderait à recenser ce qui a déjà été fait et à créer une mise en réseau.

 

* Pour accéder à l’offre de thèse : https://univlyon2fr.sharepoint.com/:b:/s/ANRSTARS/ETJp025wNzNGtTwtJfembZEByIEPeMWYsoH5ajNcBH2e8w?e=1iFCOT

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